"Je vais faire à ma façon, merci".
Cette phrase je l'ai entendu mille fois depuis que j'accompagne les Créatifs.
Suivant les contextes, elle indique que j'ai fini et réussi mon coaching ou au contraire, que je n'en suis qu'au début.
Pourquoi ?
Dans le premier cas, ça signifie que la personne s'est réalignée et saura le rester au milieu des injonctions de son environnement ou tentations du marché.
C'est le "Empowering" de ma mission. Qui peut se traduire par "empuissancer" : donner plus d'autonomie, libérer l'énergie, faire monter en puissance et en compétence.
Dans le second cas, cette même phrase sous-entend "Je n'ai pas besoin de conseil". Et de premier abord, elle peut sonner comme une forme de défensive ou de repli sur soi. Surtout quand ce même professionnel est manifestement dans une impasse.
Mais pour moi, elle est avant tout l'expression saine d'un besoin essentiel. Celui de se recentrer.
Parce qu'entre nous, moi non plus je n'aime pas les conseils quand :
- je suis déjà tellement bombardée d'avis à droite à gauche que je ne sais plus moi-même ce que je veux dire
- des idées, j'en ai déjà plein
- je ne reconnais aucune légitimité à la personne qui m'en donne
- mon interlocuteur n'a même pas pris la peine de s'intéresser à mon problème et encore moins à toutes les solutions que j'avais déjà essayé de mettre en œuvre
- son conseil n'a aucune pertinence à mes yeux, il est "à côté de la plaque"
La seule chose que je veux à ce moment là, c'est qu'on m'écoute. Je veux de l'espace.
Sans jugement. Sans projection. Sans conflit d'intérêt. Sans devoir m'occuper du besoin de reconnaissance de l'autre.
Une écoute active.
C'est l'un des moments que je préfère en coaching.
Offrir une vraie présence au Créatif que j'accompagne et poser des questions ouvertes qui guident notre échange. Cette tension entre accueillir et guider permet de faire émerger le potentiel sans laisser l'autre se noyer dans son problème.
Les Américains appellent cela le Holding Space. "Tenir l'espace". Et ça demande une immense concentration, pour rester vigilant à tout ce qui, en soi, pourrait venir "ternir l'espace".
Pour affiner ma qualité de présence, j'ai mis en place des stratégies : aller nager avant une mission, faire de la méditation, de la supervision, ...
Puis j'en ai fait un mode de vie. Et j'ai emménagé il y a 4 ans dans une maison au milieu de la forêt, à côté du lac d'Aiguebelette, lequel a la faculté de m'apaiser dès que je plonge dans son silence.
Et vous, jeunes Créatifs ou aguerris, comment faites-vous de l'espace pour vos idées ? Quand le trop-plein d'inputs commence à vous éloigner de "votre façon de faire" ?
Photos Roxanne Gauthier
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